Le centre socioculturel intercommunal « L’Ostrevent & la Sensée » intervient sur le territoire de l’Arleusis au sud de l’arrondissement du Douaisis, territoire principalement urbain, traversé en son centre par l’ancien bassin minier avec son habitat très caractéristique.
Le territoire est composé de 15 communes.
D’un point de vue géographique le territoire est composé de deux ensembles particuliers : la vallée de la Sensée et le plateau de l’Ostrevent.
La vallée de la Sensée, au sud du territoire, a été grandement modelée par l’Homme. Les premiers aménagements datent de la période gallo-romaine. À cette époque, la Sensée n’était qu’un affluent de la Satis (rivière prenant sa source près d’Arras). Durant la seconde moitié du Xème siècle, des travaux de détournement de la Satis pour alimenter Douai, entraînent la séparation de la rivière entre Scarpe et Sensée.
L’extraction de la tourbe, depuis le haut Moyen-Age, modela également le paysage de la vallée.
Si son pouvoir calorifique (capacité de combustion) n’était pas très bon (par rapport au charbon notamment), ce combustible – résultant de l’accumulation et la dégradation incomplète de matière végétale en milieu humide – peu cher et accessible, fut utilisé par les habitants pour se chauffer dès le Haut Moyen-Age.
A la fin du XVIIème siècle, l’extraction, jusqu’ici artisanale (avec le fameux « loucher de tourbier »), devient plus importante avec l’arrivée de maîtres tourbiers de la Somme et la tourbe de la Sensée commence à alimenter les grandes villes des alentours. A partir du XIXème siècle, le charbon va peu à peu remplacer l’utilisation de la tourbe. Cependant jusqu’au milieu du XXème siècle, la tourbe était encore utilisée comme engrais. Elle est encore utilisée dans la région d’Arleux pour « fumer l’ail » selon des procédés traditionnels.
Conséquence de cette forte extraction, la plupart des marais s’agrandirent et la création de trous d’eau participa au ralentissement de la Sensée. Vers 1965, la Sensée amont fut entièrement captée afin d’alimenter le canal du Nord nouvellement mis en service.
Aujourd’hui encore, la plupart des étangs s’envasent, car la rivière, qui a été détournée dans les marais, dépose, petit à petit, ses limons provenant des terres agricoles en amont du territoire.
Cependant, grâce aux étangs et à une flore abondante et variée, une faune particulièrement riche (Foulque macroule, Grèbe huppé, Blongios nain, crapauds et grenouilles, Tritons ponctué, libellules…) s’est maintenue.
En outre sur cette zone humide, la culture du lin (souvent associée à l’exploitation de la tourbe) a pu durablement s’implanter. Cette plante annuelle, qui peut atteindre 1 mètre de hauteur, est encore utilisée pour la confection de tissus.
De même, la vallée de Sensée fut, dès l’Antiquité et jusqu’à une époque très récente, une zone importante de culture du cresson qui y poussait à l’état naturel ; d’ailleurs si le cresson n’est plus cultivé sur le territoire, on peut encore trouver des cressonnières naturelles au bord de certains marais de la vallée.
Les voies d’eau marquent également le paysage de la vallée de la Sensée ; canaux, écluses et chemins de halage sont à la fois des éléments économiques, touristiques et historiques du territoire.
Si le canal de la Sensée fut mis en service dès 1820, les travaux du canal du Nord, furent entrepris en 1908 mais les deux guerres mondiales ralentirent sa construction. Il ne fut ouvert à la navigation qu’en novembre 1965.
Jusqu’à la généralisation des péniches automotrices dans les années 1960, le « halage » était le principal moyen de faire avancer les péniches : depuis la berge, des chevaux tiraient les embarcations grâce à une corde attachée à un mât spécial implanté sur le tiers avant de l’embarcation.
En 1950, avec l’augmentation du trafic (charbon, fer… puis, produits agricoles, ciment, gravat, sable…), les écluses s’avérèrent trop petites et les ponts trop bas. Le canal de la Sensée fut élargi pour permettre le passage des péniches à grand gabarit (plus de 1 350 tonnes) et les convois de 3 000 tonnes purent passer.
Sur cette zone humide, diverses activités traditionnelles se sont également développées.
La chasse à la hutte est une chasse traditionnelle encore très pratiquée sur le territoire. Elle se déroule principalement de nuit : le chasseur va disposer sur l’étang des « appelants » (canards « domestiqués » attachés sur l’eau) afin d’attirer les oiseaux sauvages tandis qu’à l’affût dans une cabane appelée « hutte », il attend patiemment.
Les oiseaux tirés seront ensuite récupérés en barque.
Tout au long de l’année, le « huttier » participe à l’entretien de cette zone naturelle en fauchant et faucardant la végétation qui pourrait refermer le marais.
Le territoire est également un haut lieu de la pêche régionale ; les nombreux étangs, rivières et canaux offrent aux amateurs de ce loisir un vaste « terrain de jeu » aux amateurs de gardon, brochet, perche, carpe, anguille ou tanche.
Si, jusqu’au milieu du XXème siècle les habitants de la vallée pêchaient pour vivre ou vendaient leurs prises sur les marchés (NB : il existait un marché aux poissons à Arleux jusqu’aux environs de 1960) ou au bord des routes, la pêche est aujourd’hui pratiquée comme un loisir.
Aujourd’hui cette zone humide est fortement prisée pour ses activités récréatives et sports de plein air : VTT, randonnée…
Afin de pratiquer à votre rythme et en toute sécurité vos loisirs favoris, 10 circuits de randonnée de 5 à 13 km inscrits au Plan Départemental des Itinéraires de Promenade et de Randonnées (PDIPR) vous sont proposés sur le territoire. Accessibles à pieds ou en vélo, ils sont balisés et entretenus régulièrement par les services de Douaisis Agglo.
En 2005, le SIRA a édité un topoguide de randonnée toujours d’actualité qui vous présente ces 10 itinéraires avec la carte du circuit et des informations concernant le parcours.
Ce guide offre de multiples occasions de découvrir, en famille et entre amis, les hommes et leurs activités, les paysages qu’ils ont façonnés et leur culture qui s’exprime dans les fêtes et l’art populaire. Il est le compagnon de tous les passionnés d’histoire locale, de traditions, de patrimoine et de nature. Au détour d’un chemin de randonnée ou d’une page, vous découvrirez à votre aise les secrets d’un territoire surprenant.Il est toujours en vente à l’accueil du centre socioculturel à Arleux au prix de 9 € (envoi postal possible).
Le nord du territoire appartient au grand ensemble géographique du plateau crayeux de l’Ostrevent qui s’étend de la vallée marécageuse de la Scarpe à l’Artois et au Cambrésis. Cette petite région naturelle et administrative est attestée depuis le IXème siècle.
L’Ostrevent offre un paysage à très forte dominance agricole de type openfield. Les champs sont parfois entrecoupés de haies ou de petits bois où l’on peut croiser une faune diversifiée (lapins et lièvres, renards, chevreuils, blaireaux… mais surtout plusieurs espèces d’oiseaux : Pouillot, Fauvette, pics, Buse variable, Epervier d’Europe, Chouette hulotte et Hiboux Moyen-ducs, Alouette des champs, Vanneaux huppés, Bruant jaune, Perdrix grise, Bergeronnette printanière…).
Sur le territoire de l’Arleusis, quelques « monts » (Monts Saint-Rémy entre Bugnicourt et Lewarde, Mont Brûlé à Estrées, Grand Mont à Cantin) donnent quelques beaux points de vue et sont survolés chaque automne par des dizaines de milliers d’oiseaux migrateurs.
Des bois agrémentent ces « petits sommets », apportant ainsi au paysage une touche « naturelle » supplémentaire qui attire le regard.
Ce vaste plateau fertile a donné lieu à l’installation de nombreuses exploitations agricoles qui se sont notamment développées avec l’apparition de la mécanisation.
Si entre 1979 et 2000, le territoire a perdu 40 % de ses exploitants, le caractère rural et agricole est encore très marqué : environ 80 exploitations demeurent toujours sur le territoire occupant 70 % du territoire, soit le taux le plus important du Douaisis.
Les grandes cultures (céréales, betteraves industrielles…) totalisent les ¾ de la surface agricole. On retrouve ensuite la culture de la pomme de terre et des chicons (endives).
L’élevage y est très peu répandu avec moins de 3% des surfaces en herbe. On note un développement de l’élevage hors-sol des volailles et des porcins.
Certains agriculteurs se sont spécialisés dans une production originale et traditionnelle : la culture de l’ail fumé.
La culture de l’ail sur le territoire date sans doute de l’époque des grandes migrations de l’Antiquité. Il était fort apprécié des Gaulois qui l’utilisaient déjà pour fumer les aliments (pour leur conservation).
Planté en février et récolté en juillet, il est ensuite « bonch’té » (trié, calibré et confectionné en bouquet) puis « tressé » (assemblé en réalisant une tresse de 30,60 ou 90 têtes) et fumé.
Le fumage de l’ail a pour objet de le sécher pour faciliter sa conservation : les liens d’ail sont suspendus dans le fumoir pendant 8 à 10 jours, dans une atmosphère enfumée portée entre 40 et 50°C. Après le fumage, les tresses d’ail sont entreposées dans un endroit sec et aéré. L’ail pouvant ainsi se conserver jusqu’à la récolte suivante.
Si l’on associe communément l’ex région Nord-Pas De Calais à l’exploitation du charbon et à ses vestiges (terrils, corons…), sur le territoire le sous-sol a donné lieu à d’autres extractions : il fut un pourvoyeur exceptionnel de tourbe, de craie, d’argile, de gré et de sable.
La craie et l’argile ont ainsi longtemps été exploitées sur le site de Cantin pour la fabrication du ciment, l’argile a aussi été exploitée pour la fabrication de briques, comme à Arleux, le gré à Estrées et Hamel où les « croqueteux » confectionnaient les pavés pour les routes.
Enfin, les buttes sableuses ont été exploitées également pour la construction ; la carrière de sable d’Hamel est encore en activité ; celle de Roucourt a été reboisée suite à l’arrêt de l’exploitation.
D’un point de vue patrimonial, le territoire renferme de nombreux corps de fermes remarquables, consécutifs de l’exploitation agricole, et notamment des « censes » ou fermes à cour fermée avec de très rares ouvertures sur l’extérieur, au milieu duquel trône souvent un pigeonnier (Cantin, Erchin…).
Cette tour, généralement quadrangulaire, maçonnée de briques avec chaînages et harpes de pierres blanches fut généralement construite au XIXe siècle sur des censes roturières, comme témoignage de richesse.
On peut également encore apprécier aujourd’hui quelques châteaux (Bugnicourt, Villers-au-Tertre…) d’architecture française, principalement des XVIIème et XVIIIème siècles. D’autres en ruines (ex : Gœulzin) témoignent malheureusement des affres de l’Histoire.
Les nombreux édifices cultuels (églises, chapelles, calvaires, niches et grottes…) recensés sur le territoire rappellent les pratiques religieuses du passé, aujourd’hui en grande partie, disparues.
On les retrouve partout : dans les villages, dans la nature, sur les pignons, à la croisée des chemins, …
En 2000, le SIRA a édité en partenariat avec le Cercle Historique du Val de Scarpe, le livre« Chapelles et Calvaires de la région d’Arleux » présentant l’ensemble des 80 lieux cultuels de l’Arleusis. Cet ouvrage est une mine d’informations architecturales, historiques et religieuses pour l’historien averti, mais également le promeneur curieux ou l’habitant cherchant à mieux connaître son village, son territoire.
Le livre « Chapelles et Calvaires de la région d’Arleux » n’est malheureusement plus disponible à la vente mais vous pouvez le consulter librement à l’accueil du centre et dans les bibliothèques du territoire.
Dans la vallée de la Sensée, comme partout dans le monde, on trouve des traces du mégalithisme (étymologiquement « grosse pierre »).
Apparu entre 2500 et 1800 ans avant JC soit à la fin du Néolithique / début de l’Age de Bronze, le mégalithisme (ou pratique du mégalithe) marque une étape majeure de l’évolution de la société humaine avec le développement de pratiques culturelles et funéraires. Dans la vallée on distingue ainsi deux types de mégalithes : le menhir (ex : la Pierre du Diable de Lécluse, la Pierre qui pousse d’Aubigny-au-Bac) et le dolmen (ex : la pierre à Chavattes d’Hamel).
NB : la plaquette « Sur les traces des mégalithes » (disponible dans la rubrique « Liens utiles ») vous explique tout sur les légendes liées à ces pierres magiques…
Sur le territoire on note enfin une tradition encore bien vivante : les géants d’osier.
Portés ou roulés, héros imaginaires, guerriers, personnages historiques locaux, mythologiques ou même issus du monde ouvrier… ces figures emblématiques de la région Nord-Pas-de-Calais animent carnavals, ducasses et fêtes locales. Présents dès le XVIème siècle, voire avant, ils perdent au XIXème siècle leur signification religieuse et deviennent des représentations emblématiques d’une région, d’une ville ou d’un quartier.
NB : la plaquette « le Berceau des géants » (disponible dans la rubrique « Liens utiles ») vous présente toutes les figures emblématiques de notre territoire.